Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/221

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cultiver des raisins à grain tendre et gros, mais au contraire dur et petit, renfermant beaucoup de pépins : il n’en est pas de même eu terrain sec, qui admet les différentes espèces. Il n’ignorera pas non plus qu’après ces considérations, il faut, plus qu’à tout le reste, avoir égard à la nature du ciel, froid ou chaud, sec ou humide, calme ou sujet à la grêle et aux vents, serein ou nébuleux. Dans les contrées froides ou nébuleuses, il placera convenablement deux espèces de vignes : ou les précoces dont les raisins, mûrissant plus vite, préviendront l’arrivée de l’hiver ; ou celles qui ont le grain ferme et dur, et dont les grappes se nouent sous les brouillards, et dont le fruit s’adoucit à la gelée et aux frimas, comme les autres par, l’effet des chaleurs. Sur les lieux exposés aux vents et aux bourrasques, il établira la vigne qui produit un raisin ferme et dont le grain est dur. Au terrain chaud, il confiera les espèces tendres et productives ; au terrain sec, il destinera celles que les pluies et les rosées continuelles pourriraient ; au terrain humide, celles qui souffriraient des sécheresses ; aux lieux sujets à être frappés de la grêle, celles qui sont pourvues de feuilles dures et amples, pour mieux protéger leurs fruits. Au reste, toute contrée calme et sereine reçoit toute sorte de vignes, plus avantageusement pourtant celles dont la grappe ou les grains se détachent de bonne heure. Mais si on peut, selon ses voeux, choisir pour son vignoble la nature du sol et celle du ciel, le meilleur emplacement, comme le dit Celse avec beaucoup de raison, sera un sol ni trop compacte ni trop léger, cependant assez meuble ; ni maigre ni très gras, fertile toutefois ; ni en plaine ni escarpé, mais plutôt élevé ; ni sec ni mouillé, pourtant médiocrement humide ; qui ne voie pas sourdre d’eaux ni à sa surface ni au dessous, et fournisse cependant aux racines une moiteur suffisante, mais qui ne puisse, amère ou salée,