Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/43

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Enfin, pour donner à l’agriculture le droit de cité romaine (car nous n’avons encore nommé que des auteurs grecs), nous allons rappeler le souvenir de M. Caton le Censeur, qui, le premier, lui apprit à parler le langage latin. Après lui vinrent les deux Saserna, père et fils, qui perfectionnèrent cette science avec un grand zèle ; puis Scrofa Tremellius, qui lui prêta son éloquence, et M. Terentius Varron, qui polit son idiome ; bientôt après, Virgile, dont les vers la rendirent puissante. Enfin, ne dédaignons pas de faire mention de Julius Hygin, qu’on peut en regarder comme le précepteur : nous ne témoignerons pas moins cependant une profonde vénération au Carthaginois Magon, père des études sur les choses champêtres ; en effet, ses vingt-huit mémorables volumes méritèrent qu’un sénatus-consulte les fît traduire en latin. Il est des hommes de notre temps qui ont mérité d’aussi grands éloges : ce sont Cornelius Celse et Julius Atticus, dont le premier embrassa dans cinq livres tout le corps de la science, et le second publia un livre unique relatif seulement à la culture des vignes. Jules Grécinus, que l’on peut considérer comme son disciple, composa pour la postérité deux volumes de préceptes sur la même matière, qu’il écrivit avec plus de grâce et d’érudition que n’avait fait son maître. Ainsi, Publius Silvinus, avant d’embrasser la profession d’agriculteur, appelez ces auteurs dans vos conseils ; non pas toutefois avec cette disposition d’esprit qui vous ferait subordonner toutes vos entreprises à leur sentiment : car les monuments de ces sortes d’écrivains instruisent plutôt qu’ils ne font un bon ouvrier. L’usage et l’expérience sont les maîtres des arts, et il n’existe pas de science qu’on apprenne sans trébucher. En effet, là où une chose mal à propos entreprise a produit un fâcheux