Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/45

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résultat, on évitera ce qui a induit en erreur, et les enseignements du maître éclaireront la bonne route. Aussi nos préceptes ne promettent pas de produire une science parfaite, mais de prêter leur secours ; et nul homme, après les avoir lus, ne connaîtra bien l’agriculture, s’il ne veut les suivre, et s’il n’a les facultés nécessaires pour les mettre en pratique. C’est pourquoi nous les offrons à ceux qui nous étudieront, plutôt comme propres à les aider que comme devant seuls les conduire : encore faudra-t-il qu’ils aient recours à d’autres. Et même tous ces secours, dont nous venons de parler, un travail assidu, l’expérience du fermier, les moyens et la volonté de dépenser, ne produiront pas encore autant de bien que la seule présence du maître. A moins qu’il ne surveille sans cesse les travaux, tous les services, comme il arrive dans une armée pendant l’absence du général, sont bientôt désorganisés. J’ai lieu de croire que c’est ainsi qu’il faut entendre cette maxime que le Carthaginois Magon a placée au début de ses ouvrages : "Que celui qui achètera un champ, vende sa maison, de peur qu’il ne préfère donner ses soins à ses pénates de la ville qu’à ceux de la campagne. Celui qui prodigue tant d’affection à son domicile de la cité, n’a pas besoin d’un domaine champêtre." S’il était praticable de nos jours, je ne changerais rien à ce précepte ; mais, puisqu’aujourd’hui l’ambition des places retient souvent à la ville le plus grand nombre d’entre nous qu’elle y a appelés, je pense conséquemment qu’on doit avoir à proximité un domaine très-commode, afin que l’homme occupé puisse, après les affaires du forum, y faire tous les jours une facile excursion. Il est évident que, sans parler des possessions d’outre-mer, ceux qui en achètent d’éloignées, se comportent comme ces hommes qui, de leur vivant, abandonnent leur patrimoine à leurs héritiers, ou, ce qui