Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/87

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les plantes qu’ils ont mises en terre, soit, lorsque la moisson est portée sur l’aire, en diminuant le produit du battage par fraude ou par négligence : car ils le dérobent eux-mêmes ou bien ils le laissent prendre par d’autres voleurs, ou ils ne le portent pas fidèlement en compte. Il en résulte que le maître-valet et ses gens se comportent mal, et que trop souvent une terre se trouve ainsi décréditée. C’est pourquoi je suis d’avis qu’il faut donner à ferme ce genre de domaine, si, comme je m’en suis expliqué, il doit être privé de la présence du maître.

Du troupeau et de ses gardiens.

VIII. Après le fermier, le soin le plus important concerne les esclaves, afin de savoir à qui d’entre eux il convient de remettre chaque emploi et de confier tel ou tel travail. Je commence donc par avertir que nous ne devons pas tirer le fermier de cette espèce d’esclaves dont les belles formes ont su plaire, ou qui ont exercé à la ville des arts enfantés par la mollesse. Cette espèce de valets, paresseuse et dormeuse, accoutumée à la fainéantise, à la promenade, au cirque, aux théâtres, au jeu, au cabaret, aux mauvais lieux, ne songe qu’à ces futilités, dont le goût porté à la campagne n’est pas moins funeste à l’esclave lui-même que préjudiciable à tous les intérêts du maître. Le choix doit porter sur un homme endurci dès l’enfance aux travaux de l’agriculture, et connu pour son expérience. Si pourtant on ne peut trouver un tel homme, on en prendra un de ceux qui ont rempli un service pénible. Il aura dépassé l’âge de la première jeunesse et ne touchera point encore à la vieillesse : celle-là affaiblirait l’autorité du commandement, puisque les gens âgés dédaignent d’obéir à un jeune homme ; celle-ci l’exposerait à succomber sous le