Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/209

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De l’ânon.

I. Devant parler du menu bétail, je commencerai, Publius Silvinus, par ce vil et vulgaire ânon d’Arcadie, dont la plupart des écrivains qui ont traité de l’économie rurale veulent que l’on s’occupe principalement dans l’achat et l’entretien des bêtes de somme ; et c’est avec raison : car on peut, même dans un terrain sans pâturage, avoir cet animal, qui n’est difficile ni sur la qualité ni sur la nature du fourrage : puisqu’il se nourrit de feuilles, de plantes épineuses, de branches de saule, et des bottes de sarments qu’on lui offre. On l’engraisse même avec de la paille, qui se trouve en abondance dans presque tous les pays.

Il supporte résolument la négligence d’un gardien ignorant ; il endure patiemment les coups et la privation de nourriture. Aussi en tire-t-on plus longtemps des services que de toute autre bête de travail : car, supportant très bien la fatigue et la faim, il est rarement attaqué par les maladies. Les services nombreux et importants que rend cet animal, qui exige si peu de soins, dépassent ce qu’on en devrait attendre, puisqu’il peut, avec une charrue légère, labourer les champs dont la terre est facile à travailler, comme dans la Bétique et toute la Libye, et qu’il traîne les charrettes dont la charge n’est pas excessive.

Souvent même, comme dit le plus célèbre de nos poètes : « Le villageois, pressant les flancs de son âne au pas tardif, le