Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/213

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Les terrains gras et les pays de plaine nourrissent bien les brebis de haute stature ; les terrains maigres et en coteaux conviennent à celles qui sont de taille bien prise ; les petites races s’accommodent des bois et des montagnes ; les prés et les plaines en jachère sont très convenables pour les brebis enveloppées de peaux. Il n’importe pas moins d’avoir égard à leur couleur qu’à leur espèce. Nos cultivateurs estimaient comme races excellentes la milésienne, la calabraise, l’apulienne, et avant toutes la tarentine. Aujourd’hui les gauloises passent pour les meilleures, et surtout les altinates, ainsi que celles qu’on élève dans les terres maigres des environs de Parme et de Modène.

Les brebis blanches sont les plus avantageuses et les plus utiles, parce qu’on peut donner à leur laine une infinité de couleurs, et qu’on ne saurait rendre blanches les toisons qui ne le sont pas naturellement. Toutefois les brebis grises ou bien brunes ont aussi leur mérite : telles sont celles que fournit Pollentia en Italie et Cordoue dans la Bétique. Il en est de même des moutons rouges de l’Asie, qu’on appelle érythrés. L’expérience a d’ailleurs fait connaître le moyen d’obtenir plusieurs autres variétés de couleur. En effet, des hommes qui offraient des bêtes étrangères en spectacle, ayant conduit d’Afrique dans la ville municipale de Gadès, entre autres animaux, des béliers sauvages et farouches dont la couleur était extraordinaire, M. Columelle, mon oncle paternel, homme d’une grande pénétration d’esprit et agriculteur distingué, en acheta plusieurs qu’il fit conduire dans ses champs, et, après les avoir apprivoisés, leur fit saillir des brebis couvertes.

Elles produisirent d’abord des agneaux à laine grossière, mais qui offraient la couleur du père. Unis ensuite à des brebis tarentines, les béliers donnèrent des agneaux dont la laine était plus fine. Depuis ce moment, tous les produits conservèrent, avec la toison moelleuse de la mère, la couleur du père et de l’aïeul.