Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/225

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a-t-il soin avant tout de remplacer chaque année les bêtes mortes ou défectueuses par autant ou même plus de nouvelles têtes : sans cette précaution, la rigueur du froid et de l’hiver peut tromper le pasteur et faire périr quelques moutons qu’il n’avait pas réformés en automne, persuadé qu’ils pourraient passer encore un hiver.

C’est en raison de ces accidents qu’il doit compléter le nombre de ses animaux avec des agneaux de l’année, très forts et capables de supporter la mauvaise saison. Il devra joindre à ces précautions celle de conserver seulement des agneaux sortis d’une brebis de quatre ans au moins et de huit au plus. Tout autre âge ne donne pas une bonne production : l’agneau issu d’une vieille mère apporte avec lui les inconvénients de sa vieillesse, la stérilité ou la faiblesse.

Les brebis pleines n’exigent pas moins de soins que les femmes enceintes : l’agnèlement ne diffère pas non plus de l’accouchement, et, souvent même, le travail est plus grand chez la brebis, parce qu’elle est privée de raison. Aussi est-il nécessaire que le maître du troupeau soit instruit dans la médecine vétérinaire, afin que, selon l’exigence des cas, il puisse, si l’agneau se présente en travers, l’extraire en entier, ou bien le tirer après l’avoir coupé par morceaux, sans compromettre la vie de la mère : c’est ce que les Grecs appellent ἐμβουλκεῖν.

L’agneau, aussitôt après sa naissance, doit être tenu debout et approché de la mamelle ; on lui ouvre même la bouche pour l’humecter du lait qu’on exprime du pis, afin qu’il s’habitue à cet aliment maternel ; mais auparavant on fait couler à terre une petite quantité de lait que les bergers appellent colostre, parce que, s’il n’était pas jeté, il serait nuisible à l’agneau. Deux jours après sa naissance, on le renferme avec sa mère, afin qu’elle en prenne soin, et qu’il apprenne à la connaître ; et, jusqu’à ce qu’il