Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Au surplus, il faut observer, au lever de la constellation estivale de la canicule, de diriger les pas du troupeau de manière qu’avant midi il regarde l’occident, et après midi l’orient : car il importe au plus haut degré qu’en paissant il ait la tête opposée au soleil, qui, au lever de cette constellation, est ordinairement nuisible aux animaux.

Durant l’hiver et au printemps, on retient toute la matinée les brebis dans leur bergerie, jusqu’à ce que la chaleur du jour ait fait disparaître la gelée blanche des champs : car à cette époque l’herbe qui en est couverte les enrhume et leur lâche le ventre. C’est aussi pour éviter ces accidents, que, dans les temps froids et humides de l’année, on ne leur permet de boire qu’une fois par jour. Celui qui suit le troupeau doit être prudent et vigilant, et le gouverner avec une grande douceur ; cette prescription, du reste, s’adresse aux gardiens de toute espèce de bestiaux.

Il doit avoir l’air plutôt d’un guide que d’un maître, et menacer seulement de la voix et de la houlette ses brebis, lorsqu’il veut les rassembler et les reconduire à l’étable ; il ne leur lancera jamais de projectiles ; il ne s’en éloignera jamais ; il ne se couchera pas sur l’herbe, il ne s’y assoira pas, et, quand il n’a point à marcher, il doit se tenir debout, parce que le troupeau a besoin que le berger le garde sans cesse, et (lue, comme une sentinelle, il dirige de haut ses regards sur lui, de manière à ne pas laisser se séparer des autres brebis celles qui, lentes et pleines, viennent à s’arrêter, et celles qui, agiles et ayant mis bas, cherchent à divaguer. Les voleurs ou les bêtes féroces pourraient d’ailleurs profiter des rêveries du berger pour tromper sa confiance. Au surplus, ces préceptes sont communs à presque toutes les espèces de brebis. Nous allons maintenant en donner de particuliers aux brebis de race distinguée.