Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Des brebis enveloppées de peaux.

IV. A moins d’attentions de tous les instants de la part du propriétaire, il n’y a guère d’avantage à posséder des brebis grecques, communément appelées tarentines : elles exigent de grands soins et une nourriture copieuse. En effet, si toutes les bêtes à laine sont plus délicates que les autres bestiaux, celles de Tarente sont les plus délicates de toutes, car elles souffrent de la moindre négligence du maître et des gardiens, et principalement de la parcimonie ; elles redoutent également la chaleur et le froid.

Comme on peut rarement les nourrir dehors, elles consomment beaucoup de fourrage à la bergerie, et, si le fermier leur en dérobe une partie, la maladie ne tarde pas à les attaquer. En hiver, la ration à mettre dans les crèches, consiste, par tête, en trois sextiers d’orge ou de fèves broyées avec leurs cosses, ou quatre sextiers de cicérole, auxquels on ajoute des feuilles sèches, de la luzerne soit en sec, soit en vert, ou du cytise, ou même sept livres de regain, et des fanes de légumes à discrétion.

Dans cette race, la vente des agneaux procure très peu de bénéfices, et on ne retire aucun profit du lait des mères : car les agneaux que l’on ne conserve pas sont, très peu de jours après leur naissance et avant que leur chair soit faite, livrés à la boucherie ; et les mères, privées de leurs petits, concourent à élever ceux des autres : en effet, on donne à chaque agneau deux nourrices et on lui en abandonne tout le lait, afin que, mieux nourri, il grandisse plus vite, et que la mère, secondée par une nourrice, ait plus de facilité à élever son petit. C’est pour cela qu’il faut avoir grand soin que tous les jours les agneaux soient allaités par leur mère et par l’autre brebis, qui n’a point pour eux la même affection.