Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/253

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[4] En général, la meilleure chèvre est celle qui ressemble le plus au bouc, tel que nous l’avons dépeint, pourvu qu’elle ait d’amples mamelles et qu’elle donne beaucoup de lait. On doit acheter les chèvres sans cornes, quand elles sont destinées à vivre dans un climat tempéré ; dans les contrées sujettes aux orages et aux pluies, elles devront toujours en être munies. Quant aux boucs, il faut les choisir sans cornes pour tous les pays, car ceux qui en ont sont presque tous dangereux à cause de leur pétulance.

[5] Il ne convient pas de réunir dans un même enclos un nombre de plus de cent têtes de ce bétail, là où l’on rassemblerait aussi commodément mille bêtes à laine. Quand on veut faire l’acquisition de chèvres, il vaut mieux acheter un troupeau entier que de le former de bêtes provenant de plusieurs maîtres, afin qu’à la pâture elles ne s’isolent point par petites bandes, et qu’à l’étable leur bon accord leur assure du repos. Les fortes chaleurs nuisent aux chèvres, et plus encore le froid, surtout à celles qui sont pleines lorsqu’elles ont été couvertes pendant les gelées de l’hiver. Ce ne sont pas là, au surplus, les seules causes qui les font avorter le gland, donné en quantité insuffisante pour qu’elles puissent s’en rassasier, produit le même effet. Il ne faut donc pas leur en laisser manger si on ne peut leur en fournir abondamment.

[6] Notre avis est que le temps à préférer pour les conduire au bouc est l’automne, un peu avant le mois de décembre, afin que les chevreaux naissent à l’approche du printemps, quand les taillis se couvrent de bourgeons, et que les bois commencent à se couvrir d’un tendre feuillage. La meilleure étable à chèvres aura pour fond un roc naturel ou bien sera pavée de pierres, parce qu’on ne leur donne pas de litière. Un chevrier diligent doit balayer cette étable tous les jours, n’y laisser séjourner ni crottin ni humidité, et ne pas souffrir qu’il s’y forme de la houe, toutes choses pernicieuses à ces animaux.