Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/255

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[7] Quand la chèvre est de bonne race, elle donne souvent deux chevreaux, quelquefois trois ; mais la portée est très mauvaise quand deux mères ne produisent à elles deux que trois petits. Dès leur naissance, on les élève comme les agneaux, si ce n’est qu’il faut plus de soins pour réprimer leur pétulance, et la contenir dans des limites plus resserrées. Pour procurer plus de lait aux mères, on leur donnera de la graine d’orme, ou du cytise, ou du lierre, ou même des sommités de lentisque et autres jeunes feuillages. De deux chevreaux, on réserve celui qui paraît le plus robuste, pour recruter le troupeau ; les autres sont livrés aux marchands. Il ne faut pas laisser de chevreau aux chèvres qui n’ont qu’un ou deux ans (car à ces âges elles peuvent être mères) ; ce n’est qu’à trois ans qu’on leur permettra de faire des élèves.

[8] Le petit de la chèvre d’un an doit lui être enlevé sans retard ; celui dont la mère a deux ans sera seulement conservé jusqu’à ce qu’il soit vendable. On ne gardera pas de mères au delà de huit ans, parce que, fatiguées par des portées continuelles, elles deviennent alors stériles.

[9] Le chevrier doit être actif, robuste, alerte, très propre à la fatigue, agile et courageux, afin qu’il puisse traverser facilement les rochers, les déserts et les buissons, et, au contraire des autres pasteurs, ne pas se borner à suivre son troupeau, mais le plus souvent le précéder. Il est donc surtout nécessaire qu’il soit alerte. Les chèvres, en broutant les arbustes, laissent les boucs derrière elles ; il faut retenir celle qui s’avance trop, pour l’empêcher de divaguer et pour qu’elle paisse tranquillement et lentement : ce qui lui donne plus de lait et la préserve d’une excessive maigreur.