Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/269

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unes sur les autres et elles écraseraient leurs petits.

[10] C’est pourquoi, comme je l’ai dit, on bâtira le long des murs des loges de quatre pieds de hauteur pour que les truies ne puissent pas franchir les séparations : on ne couvrira pas ces clôtures, afin que, par-dessus, le porcher puisse vérifier le nombre de ses animaux, et retirer de dessous la mère le petit qu’elle aurait étouffé en se couchant. Cet homme doit être vigilant, actif, industrieux et courageux. Il doit avoir présentes à sa mémoire toutes les truies qu’il garde, tant celles qui sont jeunes que celles qui ont déjà mis bas, pour bien juger de l’époque du part. Il surveillera celle qui est pleine, et la renfermera pour qu’elle mette bas dans une loge.

[11] Dès qu’elle aura donné sa portée, il notera le nombre et le sexe des petits, et veillera surtout à ce qu’ils ne soient nourris que par leur propre mère : car lorsque les porcs sortent de leur loge, ils se mêlent très facilement entre eux, et quand la truie s’est couchée, elle donne indifféremment ses mamelles aux premiers venus.

[12] Aussi le porcher aura le plus grand soin de renfermer chaque mère avec ses propres petits : dans le cas où il manquerait de mémoire, pour éviter la confusion, il marquera d’un même signe, avec de la térébenthine, la truie et ses jeunes pourceaux, de manière à les distinguer soit par des lettres, soit par toute autre figure : car lorsque le nombre est considérable, le gardien doit employer différentes marques pour éviter toute erreur.

[13] Cependant, comme une telle opération est longue pour un troupeau nombreux, il est plus commode de construire des loges dont la porte soit à une hauteur telle que les mères puissent y passer sans que les petits puissent la franchir. Par ce moyen, les cochons de lait étrangers à cette loge ne sauraient s’y introduire, et chaque portée, qui ne doit pas excéder le nombre de huit têtes, attend sa mère dans son toit. Ce n’est pas que j’ignore que la truie est assez féconde pour en produire davantage, mais