Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/281

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épaisses et couvertes d’un poil hérissé, la queue courte, les doigts des pattes et les ongles très développés : ce que les Grecs appellent δρακαί. Telles sont les qualités que l’on prise le plus dans le chien de ferme.

Il ne sera pas d’un caractère trop doux ; mais, toutefois, ni farouche ni cruel ; parce que, dans le premier cas, il pourrait aller caresser même les voleurs, et dans le second attaquer jusqu’aux gens même de la maison. Il suffit qu’il soit sévère, et non caressant, qu’il regarde quelquefois d’un œil irrité ses compagnons de servitude, et toujours avec fureur les étrangers. Surtout il doit se montrer vigilant dans sa garde, sédentaire et non vagabond, et plutôt prudent que téméraire : car le prudent n’annonce rien dont il ne soit sûr, tandis que le téméraire crie sur un vain bruit et d’après des soupçons mal fondés.

J’ai cru devoir entrer dans ces détails, afin que, le caractère n’étant pas seulement l’ouvrage de la nature, mais encore celui de l’éducation, on puisse, si on se trouve dans le cas d’en acheter, les choisir tels que nous venons de les dépeindre, ou, si on en élève qui soient nés à la maison, les dresser d’après ces principes.

Il importe peu que le chien de garde soit pesant et peu alerte, puisque c’est plutôt de près et sur place, qu’au loin et par de longues courses, qu’il doit servir. En effet, il doit toujours se tenir dans l’enclos et près des bâtiments, surtout ne pas s’écarter, et il lui suffit, pour bien remplir ses fonctions, de flairer avec sagacité les survenants ; de les effrayer par ses aboiements, de ne pas souffrir qu’on l’approche de trop près, et de se jeter violemment sur quiconque persiste à avancer : car le premier devoir du chien est de ne pas se laisser surprendre, et le second de se venger des attaques avec vigueur et persévérance. Voilà ce qui concerne le chien qui garde la maison ; occupons-nous maintenant du chien de berger.

Ce dernier ne sera ni aussi maigre ni aussi vif à la course que celui qu’on lance à la poursuite des daims, des cerfs