Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/293

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on ne se borne pas à leur enlever les organes de la génération, on leur brûle aussi les éperons avec un fer chaud, et, après leur destruction, on enduit d’argile à potier, jusqu’à parfaite guérison, la plaie faite par le feu.

[4] Le revenu qui provient de ces oiseaux de basse-cour n’est pas a dédaigner, si on les soigne convenablement, comme faisaient la plupart des Grecs, et surtout les Déliens, qui ont acquis de la célébrité à cet égard. Ces peuples recherchaient surtout, en raison de leur grande espèce et de leur courage dans les combats, les races de Tanagra et de Rhodes ; ils ne prisaient pas moins les poules de Chalcidie, et celles de Médie, que, par le changement d’une lettre, le vulgaire sans instruction appelle poules de Mélie.

[5] Quant à nous, nous préférons l’espèce indigène, parce que nous ne partageons pas le goût des Grecs, qui élevaient le coq, ce fier oiseau, pour les joutes et le combat ; nous pensons, nous, que les poules doivent constituer un revenu pour le père de famille industrieux, et non pas pour un instructeur d’oiseaux batailleurs, dont souvent tout le patrimoine, gage de la joute, lui est ravi par la victoire d’un athlète emplumé.

[6] D’après ces considérations, celui à qui il conviendra de suivre nos préceptes doit d’abord examiner quelle quantité et quelle espèce de poules il doit acquérir ; ensuite comment il doit les soigner et les nourrir ; dans quel temps de l’année il doit retirer leurs oeufs, les laisser couver et les voir éclore ; puis enfin veiller à ce que les poussins soient convenablement élevés : car c’est par ces soins et par ces attentions, qui constituent ce que les Grecs appellent ὀρνιθοτροφίαν (action d’élever les poules), qu’on obtient des produits de la basse-cour.

[7] Le nombre de poules à se procurer est de deux cents : une seule personne suffira pour les soigner, pourvu qu’on lui associe soit une vieille femme, soit un