Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/343

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Cette nourriture ne doit pas être jetée au troupeau assemblé, mais bien distribuée dans chaque enclos que j’ai proposé de construire en roseaux, à raison de cinq rations pour tout autant de femelles et d’une pour leur mâle. Il en sera de même de l’eau qui doit leur servir de boisson.

[7] Après ces dispositions, on conduira chaque mâle avec ses femelles dans l’enceinte qui lui est réservée : par ce moyen tout le troupeau se repaîtra également, et on évitera les rixes : car on trouve parmi les paons des coqs hargneux, qui, si on ne les tenait à part, empêcheraient les plus faibles de manger, et de cocher les femelles. Dans les lieux exposés au soleil, les mâles recherchent ordinairement les femelles quand le Favonius commence à souffler, c’est-à-dire depuis les ides de février jusqu’à l’arrivée du mois de mars.

[8] On reconnaît que ces coqs sont en amour quand ils se couvrent, comme s’ils s’admiraient eux-mêmes, des plumes étincelantes de leur queue, c’est-à-dire quand ils font ce qu’on appelle la roue. Après le temps de l’accouplement, il faut surveiller les paonnes, de peur qu’elles n’aillent déposer leurs oeufs ailleurs que dans leurs retraites ; on les tâtera souvent avec le doigt : car quand leur oeuf est près de venir, il se trouve à portée d’être touché. Alors on les enfermera pour qu’elles ne pondent pas hors de l’enclos.

[9] C’est surtout à l’époque de la ponte qu’il faut garnir le poulailler d’une grande quantité de paille, afin que les oeufs ne soient point brisés : car c’est ordinairement lorsque les paonnes viennent prendre le repos de la nuit, que, juchées sur les perches dont nous avons parlé, elles font leurs oeufs qu’on ne peut conserver intacts que s’ils tombent d’une petite hauteur et mollement. Il faut donc tous les matins, tant que durera le