Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/371

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les chiens, elles s’acharneraient sur les poissons à écailles, dont elles dévoreraient un grand nombre.

[3] Si la nature du lieu le permet, il convient de pratiquer des issues sur tous les côtés de la piscine : l’eau sortira ainsi par là plus facilement pour se renouveler, puisque, de quelque point que le flot arrive, il se trouvera vis-à-vis une sortie. Nous pensons qu’il faut pratiquer ces ouvertures au bas de la muraille de clôture, si la situation du lieu le comporte, afin que, posant un niveau sur le sol de la piscine, on y trouve la preuve que l’eau de la mer s’y élève au-dessus de sept pieds, car cette profondeur du réservoir est suffisante pour les poissons qui s’y trouvent. Il est évident aussi que plus l’eau de mer vient du fond, plus elle est fraîche et, par conséquent, convenable aux poissons.

[4] Si le lieu où nous jugeons à propos d’établir la piscine est de niveau avec la mer, on fera une excavation de neuf pieds de profondeur, et à deux pieds au-dessous de la partie supérieure du bassin on pratiquera un conduit pour servir de passage au flot. Ou aura soin que cette ouverture soit très large, parce que l’eau stagnante au-dessous du niveau de la mer ne saurait être expulsée que par le volume, supérieur en force, de ce flot d’eau nouvelle qui se précipite dans le réservoir.

[5] Beaucoup de personnes sont d’avis qu’il faut pratiquer, dans ces sortes d’étangs, de longues retraites pour les poissons, et, sur les côtés, des grottes tortueuses qui puissent les mettre à couvert pendant les grandes chaleurs ; mais, à moins qu’on ne puisse continuellement renouveler l’eau, cette méthode ne peut qu’être préjudiciable ; car ces sortes de retraites ne reçoivent pas facilement les nouvelles eaux, et ne se débarrassent des anciennes qu’avec peine : l’eau croupie nuit plus au poisson que ne lui serviraient des abris.

[6] Il faut toutefois creuser dans les murs des espèces de loges, faites de manière à protéger le poisson qui cherche à éviter l’ardeur du soleil, et à laisser écouler l’eau qu’elles auront reçue.