Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/53

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de ne pas laisser subsister d’ergots trop longs sur les branches amputées, aussi bien que de ne pas rabattre assez près du tronc pour l’offenser ou l’écorcer : car l’orme languit quand son tronc est dépouillé. Il faut aussi éviter de ne faire qu’une plaie de deux amputations, car l’écorce ne recouvrirait pas facilement une telle blessure. L’orme exige une culture continuelle : il ne suffit pas de le disposer avec soin dans le principe, il faut encore bêcher la terre autour du tronc, et, tous les deux ans, retrancher avec le fer ou pincer tout ce qu’il donne de feuillage, afin que son ombre, rivale de celle de la vigne, ne soit pas préjudiciable à cette dernière. Quand l’orme sera vieux, on pratiquera près d’une branche un trou qui devra être creusé jusqu’à la moelle, afin de donner issue à l’humidité qui se sera accumulée dans sa partie supérieure. Il convient encore d’associer la vigne à l’arbre avant qu’il ait acquis tout son accroissement ; mais une condition de réussite, c’est de marier une jeune vigne à un jeune orme, car si la vigne était vieille, il la ferait périr. Il est donc convenable d’unir ensemble des ormes et des vignes de même âge et de forces égales. Pour procéder à ce mariage, on doit, pour la marcotte enracinée, creuser une fosse large et profonde de deux pieds, si la terre est légère ; mais, en terre lourde, la fosse offrira une profondeur de deux pieds neuf pouces et une longueur de six pieds ou de cinq au moins. Cette fosse sera pratiquée à un pied et demi au moins de l’orme : car si on fouillait où sont les racines de forme, la vigne prendrait mal, et, quand elle pousserait, elle n’en aurait pas moins à souffrir des branches de l’arbre. Si l’on a le temps, on fera cette fosse en automne, afin que sa terre se macère sous l’influence des pluies et des gelées.