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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

abondance. Pendant mes années de chasse au loup-marin à la Pointe-des-Monts, il en apparaissait quelques petites bandes, vers le 20 mars ; elles se faisaient de plus en plus nombreuses jusqu’à la même date en avril ; alors elles commençaient à se disperser ; quelques-unes prenaient la direction de l’ouest jusqu’à Tadoussac.

En mai, on en tuait un bon nombre aux environs des Escoumains ; plus tard, ces loups-marins s’éparpillaient sur toute l’étendue du Saint-Laurent. Leurs endroits favoris étaient autour du Bic, de Manicouagan, et des eaux tumultueuses de la Pointe-des-Monts. Je tuai cinq femelles en une journée, le 6 avril 1882, sur les battures de Manicouagan. Trois d’entre elles appartenaient à la variété appelée « noires », désignation qui n’est due qu’à l’âge ; les jeunes ont toujours une couleur plus claire. Les loups-marins de l’année ne portent pas de taches, mais ont une bande noire sur le dos, avec les flancs et le ventre de couleur jaunâtre. Les petits ne naissent pas blanc, comme d’autres espèces, mais portent sur le dos et les côtés une bande grisâtre, avec le ventre jaunâtre. Un fœtus enlevé à une femelle que je tuai le 14 novembre 1893, et qui pouvait avoir six mois, exhiba les mêmes nuances. Le poil n’avait pas cependant la finesse de celui du harpe ou du loup-marin de grève. En 1878, une femelle mit bas sur la glace entre Godbout et la Pointe-des-Monts, vers le 20 février, et le petit était comme celui que je viens de décrire. Quand on le trouva, il avait un ou deux jours.

Ces loups-marins mettent régulièrement bas sur la glace dans le golfe, et tous ceux ou presque tous ceux qui apparaissent au large de la Pointe-des-Monts au mois de mars, sont des femelles qui ont déjà eu leurs petits, comme l’indiquent leurs mamelles rem-