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PREMIÈRES ANNÉES

Comme à l’ordinaire, nous fîmes notre escalade et nous étions à couper des melons, lorsqu’un coup de sifflet perçant se fit entendre, et, d’un coup d’œil au-dessus de nous, nous aperçûmes deux hommes qui s’en venaient sur le côté ouest du mur. Notre ligne de retraite se trouvait ainsi coupée. Du côté est, la voie nous parut libre ; de sorte que nous nous mîmes à jouer des jambes à travers le terrain, lorsque miséricorde ! ce qui nous arriva, c’est que tous deux nous culbutâmes tête première, et à l’instant nous fûmes debout, mais pour reculbuter.

Le jardinier nous arriva dessus. La partie était finie. Toutes les allées du côté de l’est avaient été tendues de cordes à linge à une hauteur d’environ un pied. Le vieux docteur avait été gamin à notre âge et avait exactement deviné comment nous agirions.

— Qu’est-ce que vous faites, gamins, dans mon jardin ? Tel fut son premier accueil.

— Jeunes gens, vous devriez être au lit à cette heure-ci (il était environ 10 heures) que voulez-vous ? Qui êtes-vous ?

Nous ne répondîmes pas un mot à toutes ces questions.

— Venez-vous-en avec moi ! Je veux voir vos figures à la lumière.

Il n’y avait aucun moyen de nous échapper de sorte que nous le suivîmes et nous fûmes introduits dans un salon où sa vénérable épouse et deux de ses filles occupaient des fauteuils. Nous étions dans un triste état ; nous avions nos habits, les mains, la figure couverts de saletés, grâce aux deux culbutes que nous avions prises dans le jardin.

— Mes chères, fit le vieux gentilhomme, voici deux charmants garçons que je désire vous présenter, mais je ne connais pas leurs noms, et, se tournant vers nous :