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LE PÉKAN. MARTE À FANON

Pour faire corroborer ces faits par des autorités en la matière, j’envoyais, il y a plusieurs années, des spécimens en chair et en os au Dr C. Hart Merriam, célèbre naturaliste, aujourd’hui[1], chef de la section biologique du Smithsonian Institute, à Washington, D. C. ; lui aussi confirma ce que j’avais constaté.[2]

Ces animaux voyagent en bandes pour leurs migrations, mais une fois, fixés quelque part, on les trouve généralement isolés. Ils préfèrent les régions montagneuses, les ravins, et les coteaux bien boisés, tout juste les endroits que le porc-épic recherche.

Antérieurement à 1865, dans la chaîne de montagnes connue sous le nom de Monts Sainte-Anne, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, entre Gaspé et la ville de Rimouski, le porc-épic abondait, et constituait partie de l’approvisionnement de viande fraîche de bon nombre des habitants, fort éparpillés alors, de la région. Un nommé Dugas, trappeur et cultivateur tout ensemble, me dit que souvent il tirait six ou sept porcs-épics dans une journée de chasse, et de cent à cent-trente en une seule saison. En 1865, grandes migrations de pékans dans la région ; deux ans plus tard, tous les porcs-épics avaient été exterminés. La même chose s’est produite sur la Côte Nord durant ces dernières années.

Dans les premiers temps que je faisais la trappe, rare était la capture d’un pékan, et j’ai connu de vieux trappeurs qui n’en avaient jamais vus vivants. En ces temps-là, le porc-épic se rencontrait en très grand nombre, principalement dans la section du pays à l’est de la rivière Manicouagan jusqu’à la tête de la rivière Sainte-Marguerite. Je mentionne ceci d’après observation personnelle. Ce n’était pas chose

  1. 1909
  2. Voir Mammals of the Adirondacks, Merriam, 1884, page 49.