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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/164

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE


159 soirée, si elle obtenait une commande avec son modèle. Essoufflée, les jambes flageolantes, elle pénétra pour la seconde fois dans l’atelier où, trois mois auparavant, elle avait subi le contact redoutable de l’ouvrière avec l’industriel. Était- elle exigeante, alors ? Elle ne le croyait point, puisque ses prétentions n’avaient jamais dépassé le gain nécessaire à la plus simple subsistance. Cependant de combien elles avaient été rabaissées par les coups reçus, elle en eut l’intui- tion lorsqu’elle accepta sans réclamer, le prix de trente sous pour un travail qui allait lui prendre au moins dix heures ! On lui remit du nansouk et de la dentelle pour six chemises, et elle sortit presque contente ! En cousant quinze heures par jour, elle pourrait gagner neuf francs en quatre jours. En « morte », il ne fallait pas être difficile ! Si au moins les semelles de ses souliers pou- vaient durer jusqu’à la reprise du travail !