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Maman ! je t’assure que Berthe est parfai-
tement élevée et nous sommes très bonnes
camarades au collège.
Au collège, soit ; comme fille de fonc-
tionnaire, tu ne peux être instruite ailleurs,
c’est entendu. Mais les distinctions sociales
n’existent pas moins, et je ne te permettrail
pas, ma petite, d’inviter chez nous la fille d’un
de nos fournisseurs.
On pourrait commander les petits gâteaux
à son père, insinua Marcel qui arrivait du
lycée.
-
Oh ! maman, comment peux-tu parler-
ainsi toi qui es si bonne pour tes pauvres !
-
Je ne les invite pas. Je vais les voir. Ces
choses n’ont aucun rapport entre elles. Il faut
être bon pour les pauvres, et bienveillant pour
les inférieurs, mais garder son rang. Inutile
d’insister, ma fille. Tu connais mes idées, et
j’espère que tu les partageras plus tard. Gene-
viève, sonnez, je vous prie, pour le déjeuner.
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE