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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/31

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

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Mes maîtres ! Non, mais ! écoutez-la ! Mes maîtres ! Vous êtes donc esclave ! Mes maîtres ! on ne parle pas comme ça. On dit mes singes, mes patrons à la rigueur si on veut être très poli, ou mon oncle et ma tante si l’on est aimable. Mes maîtres, jamais ! Les maîtres, c’est ceux qui payent. A la campagne, on ne connaît pas tous vos mots. Ni à l’orphelinat. Eh bien ! on fera votre éducation, mam’zelle. Et il retourna à ses outils qu’il mania avec assurance. Si choquée qu’elle eût été de ces paroles irrévérencieuses, Geneviève, une fois qu’il eut cessé de lui parler, ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil du côté du jeune charpentier et le trouva moins déplaisant que son langage. Le marteau dans sa main droite, il tapait sur un pieu que la gauche, d’une étreinte solide, main- tenait droit. L’effort rapprochait ses sourcils et gonflait les veines de son bras robuste, nu jusqu’au coude. Lorsqu’il eut enfoncé son pie u d’un coup qui fit tressaillir les vitres, il se redressa, s’étira et le regard malin de ses