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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/65

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

60 prit un journal et essaya de lire. Mais voilà qu’entre les mots et son cerveau, comme ce matin entre les dossiers des affaires de la pré- fecture et son attention, comme cette nuit entre sa volonté de dormir et son pouvoir d’oublier, une question se posa : « Serait-elle ma fille, cette orpheline, élevée par la charité publique et dont l’an passé, j’ignorais encore l’existence ? Adrienne avait-elle dit vrai ? Que faire alors ? » Ah ! se taire d’abord évidemment. D’ailleurs, qu’aurait-il pu affirmer ? Où était la preuve ? Mon Dieu ! qu’un drame ne vînt pas s’insinuer dans son existence ouatée, si ingé- nieusement préservée des périls de la vie. Se taire, ne pas savoir, oublier la question ! Demain peut-être il n’y penserait plus. Mais demain. elle serait là, la petite servante, et sa présence seule poserait l’énigme de sa ressemblance avec Marguerite que tout à l’heure il essayait de nier, mais qui, durant le déjeuner servi par Geneviève, le frappait jusqu’à lui couper l’appétit. A la question posée, il eût fallu répondre non, pour trouver le repos. Ah ! répondre non, se débarrasser de ce