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COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

encore très abondant à Marseille en 716. Mais si l’on s’avise que ce privilège est la confirmation d’actes plus anciens que nous n’avons plus, on sera tenté de croire qu’il a reproduit sans rien y changer le contenu de ceux-ci, alors même qu’il ne répondait plus entièrement à la réalité. Tout ce que la diplomatique nous enseigne des procédés mécaniques de la transcription des chartes de confirmation autorise cette hypothèse. On admettra dès lors qu’en 716, le commerce de papyrus quoique déjà fort atteint manifestait pourtant encore quelque activité. Peu d’années après, il avait entièrement disparu. La preuve en est que dans les confirmations postérieures de leurs privilèges les moines de Corbie cessèrent de faire inscrire une clause devenue trop manifestement archaïque.

La conquête de l’Égypte par Omar en 634 n’explique point, comme on l’a cru quelquefois[1], l’extinction d’une commerce jadis si florissant. On sait, en effet, que la fabrication de papyrus ne fut pas affectée par cet événement. Elle passa seulement des mains des chrétiens dans celles de Musulmans[2]. Ce n’est donc pas parce que l’Égypte cessa de produire du papyrus que la Gaule cessa d’en être pourvue. La seule raison que l’on puisse donner de sa disparition est commerciale et non industrielle. À mesure que l’Islam étendit plus largement son emprise sur les côtes méditerranéennes, la navigation que les vaisseaux grecs avaient entretenue depuis l’antiquité entre les rivages de la mer Égée et ceux de la mer Tyrrhénienne décrut rapidement puis disparut en entier. Les navires byzantins ne se risquent plus, à partir du milieu du viiie siècle, au delà de la Sicile. Le vide se fait dans le port de Marseille. La Méditerranée, qui avait été durant tant de siècles le grand chemin des échanges entre tous les pays que baignent ses eaux et qui,

  1. H. Bresslau, Handbuch der Urkundenlehre, t. I, p. 883.
  2. Heyd. op. cit., t. I, p. 89, n. 2.