Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/381

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son dont nous manquons nous-mêmes ; il faut leur préparer les moyens de résoudre une foule d’importantes questions qu’il ne nous est pas permis d’aborder, parce que l’antiquité ne possédait ni baromètre ni thermomètre. Ces simples réflexions suffiront pour expliquer comment nous demandons que pendant toute la durée du voyage de la Bonite, de jour comme de nuit, et d’heure en heure, il soit tenu note de la température de l’air, de la température de la surface de la mer, et de la pression atmosphérique. Elles suffiront aussi pour nous faire espérer que ce cadre d’observations sera rempli avec le zèle dont les officiers de l’Uranie, de la Coquille, de l’Astrolabe, de la Chevrette et du Loiret ont donné l’exemple. Toutefois, si des circonstances qu’il ne nous est pas donné de prévoir, venaient à exiger l’abandon d’une portion de ce travail, il serait bon que le sacrifice portât de préférence sur les parties les moins essentielles. Les détails dans lesquels nous allons entrer, nous sembleraient propres à diriger, en pareil cas, le choix du commandant de l’expédition.

La terre, sous le rapport de la température, est-elle arrivée à un état permanent ?

La solution de cette question capitale, semble ne devoir exiger que la comparaison directe, immédiate, des températures moyennes du même lieu, prises à deux époques éloignées. Mais, en y réfléchissant davantage, en songeant aux effets des circonstances locales, en voyant à quel point le voisinage d’un lac, d’une forêt, d’une montagne nue ou boisée, d’une plaine sablonneuse ou couverte de prairies, peut modifier la température, tout le monde comprendra que les seules données thermométriques ne savent suffire ; qu’il faudra s’assurer, en outre, que la contrée où l’on a opéré et même que les pays environnans n’ont subi dans leur aspect physique et dans le genre de leur culture aucun changement trop notable. Ceci, comme on voit, complique singulièrement la question : à des chiffres positifs, caractéristiques, d’une exactitude susceptible d’être nettement appréciée, viennent maintenant se mêler des aperçus vagues en présence desquels un esprit rigide reste toujours en suspens.

N’y a-t-il donc aucun moyen de résoudre la difficulté ? Ce moyen existe et n’est pas compliqué : il consiste à observer la température en pleine mer, très loin des continens. Ajoutons que, si l’on choisit les régions équinoxiales, ce ne seront pas des années de recherches qu’il faudra ; que les températures maxima, observées dans deux ou trois traversées de la ligne, peuvent amplement suffire. En effet, dans l’Atlantique, les extrêmes de ces températures, déterminées jusqu’ici par un grand nombre de voyageurs,