Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/401

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cher d’où ils émanent, dans quelle région du globe ils prennent naissance. Le thermomètre peut conduire à cette découverte.

Tout le monde connaît les travaux de Franklin, de Blagden, de Jonathan Williams, de M. de Humboldt, du capitaine Sabine, sur le Gulph-Stream. Personne ne doute aujourd’hui que ce Gulph-Stream ne soit le courant équinoxial, qui, après s’être réfléchi dans le golfe du Mexique, après avoir débouché par le détroit de Bahama, se meut du sud au nord à une certaine distance de la côte des États-Unis, en conservant, comme une rivière d’eau chaude, une portion plus ou moins considérable de la température qu’il avait entre les tropiques. Ce courant se bifurque. Une de ses branches va, dit-on, tempérer le climat de l’Irlande, des Orcades, des îles Shetland, de la Norwège ; une autre s’infléchit graduellement, et finit, en revenant sur ses pas, par traverser l’Atlantique du nord au sud à quelque distance des côtes d’Espagne et de Portugal. Après un bien long circuit, ses eaux vont donc rejoindre le courant équinoxial d’où elles étaient sorties.

Le long de la côte d’Amérique, la position, la largeur et la température du Gulph-Stream, ont été assez bien déterminées sous chaque latitude pour qu’on ait pu, sans charlatanisme, publier un ouvrage avec le titre de Navigation thermométrique (Thermometrical Navigation), à l’usage des marins qui attérissent sur ces parages. Il s’en faut de beaucoup que la branche rétrograde soit connue avec la même certitude. Son excès de température est presque effacé quand elle arrive par le parallèle de Gibraltar, et ce n’est même qu’à l’aide des moyennes d’un grand nombre d’observations qu’on peut espérer de le faire nettement ressortir. Les officiers de la Bonite faciliteront beaucoup cette recherche, si depuis le méridien de Cadix jusqu’à celui de la plus occidentale des Canaries ils déterminent, de demi-heure en demi-heure, la température de l’Océan avec la précision des dixièmes de degré.

Il vient d’être question d’un courant d’eau chaude ; nos navigateurs rencontreront, au contraire, un courant d’eau froide, le long des côtes du Chili et du Pérou. Ce courant, à partir du parallèle de Chiloé, se meut rapidement du sud au nord et porte jusque sous le parallèle du cap Blanc, les eaux refroidies des régions voisines du pôle austral. Signalé, pour la première fois, quant à sa température, par M. de Humboldt, le courant dont nous venons de parler a été étudié avec un soin tout particulier pendant le voyage de la Coquille. Les observations fréquentes de la température de l’Océan que les officiers de la Bonite ne manqueront certainement pas