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RAPPORTS.
Chimie minérale. — Rapport sur un mémoire de M. Pelouze, intitulé : Sur quelques combinaisons d’azote, de soufre et d’oxigène.
(Commissaires, MM. Thénard, Chevreul, et Robiquet rapporteur.)

« En 1802, Davy consigna dans le tome 20 de la Revue Britannique une observation très curieuse, mais qui demeura pour ainsi dire inaperçue, parce qu’on la considéra comme un fait isolé dont on ne prévit pas toutes les conséquences. M. Pelouze vient de lui donner un heureux développement et d’en faire jaillir des résultats bien remarquables. Davy avait vu que le deutoxide d’azote, ou gaz nitreux, pouvait être complétement absorbé par un mélange de potasse ou de soude et d’un sulfite alcalin, et il constata que de cette réaction résultait une matière particulière qui avait pour caractère principal de dégager abondamment du protoxide d’azote par son contact avec les acides. Comme cette absorption du deutoxide d’azote par un sulfite, ne pouvait avoir lieu sans la présence d’un alcali libre, et que les acides, même les plus faibles, chassaient de cette combinaison, non plus du deutoxide, mais bien du protoxide d’azote, Davy crut pouvoir en conclure que le deutoxide d’azote cédait la moitié de son oxigène au sulfite pour le transformer en sulfate, et que le protoxide qui en résultait se trouvant là à l’état naissant, s’enchaînait aux bases libres par un lien très faible, qui cédait aux moindres influences. M. Pelouze peu satisfait de cette explication, et sachant bien tout ce qu’on peut gagner à connaître le fond des choses, s’est livré à de nouvelles recherches pour se rendre un compte exact de ces phénomènes ; et d’abord, il a voulu s’assurer si un sulfite seul, n’était pas susceptible d’absorber le deutoxide d’azote dans son entier ; mais il a immédiatement reconnu qu’en faisant varier les circonstances, il faisait aussi varier les résultats. En effet, à la température ordinaire, le deutoxide d’azote qu’on fait passer au travers d’une dissolution de sulfite d’ammoniaque, perd la moitié de son volume, se convertit en protoxide d’azote, et transforme une quantité proportionnelle de sulfite en sulfate. À 0°, les résultats sont encore les mêmes ; mais si l’on abaisse la température jusqu’à −15° ou −20°, alors les phénomènes sont tout autres, l’absorption du gaz est complète, et l’on voit apparaître un produit cristallin qui possède des propriétés bien remarquables. Ainsi, et c’est un fait très digne d’attention, puisqu’il avertit le chimiste de ne jamais