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LARMES D’AMOUR

Pour moi, jusqu’à présent, la vie a été bien douce. Il est vrai, je n’ai pas connu ma mère, c’est à peine s’il me reste un souvenir de mon père, et pourtant j’ai été heureuse, car ma belle-mère m’aime avec une tendresse plus que maternelle. Mais combien d’âmes ouvertes dans leurs beaux jours d’enfance à tous les rayons du ciel, plus illuminées peut-être que les autres, ont vu tout à coup, par une permission de Dieu, la nuit les envahir de bonne heure !

Hélas ! la vie est semblable à la mer ;
Son flot, parfois caressant sur la plage,
Écume au large et devient plus amer.


30 juin.

M. Douglas est protestant je m’en doutais, et pourtant il m’a été pénible de le lui entendre dire.

À la première occasion, ma mère lui a parlé de sa belle conduite à l’incendie de Philadelphie. Il a rougi comme une jeune fille et nous a assuré que dans la surexcitation on expose facilement sa vie. Il prétend que son agilité de montagnard est pour beaucoup dans ce que nous appelons son héroïsme.

Ma mère ne lui a pas caché comme nous désirions le connaître et comme nous lui en voulions de s’être dérobé à toutes les recherches. J’étais un peu confuse, et lui n’était pas à l’aise non plus. Il a souri en entendant dire que, jusqu’à notre départ de Philadelphie, je m’étais obstinée