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SAINT JEAN L’AUMÔNIER

veuve très riche, et qui n’avait qu’un fils, lui présenta un écrit par lequel elle s’engageait à donner cinq cents écus aux pauvres.

Jean prit le papier, et après avoir congédié les personnes de condition qui l’accompagnaient, il fit venir ses aumôniers et leur dit :

« — Combien de livres d’or avez-vous données à cet homme ?

— Quinze, comme Votre Sainteté l’avait ordonné, répondirent-ils tous ensemble.

Mais une lumière intérieure fit connaître au bienheureux qu’ils ne disaient pas la vérité. Il envoya chercher l’égyptien et lui demanda :

» — Combien de livres d’or avez-vous reçues ?

— Cinq, répondit-il.

Alors, montrant à ses aumôniers l’acte de donation qu’il tenait, le saint leur dit :

» — Dieu vous demandera compte de mille écus de plus, car, si vous eussiez donné quinze livres d’or comme je l’avais dit, Dieu, par la main de cette femme, nous en aurait rendu quinze cents. Et afin que vous n’en puissiez douter, je m’en vais la faire venir ».

Il envoya deux hommes de considération prier la dame de se rendre auprès de lui. Elle vint aussitôt et déposa à ses pieds les cinq cents écus promis.

Après avoir remercié et prié Dieu pour elle et pour son fils :

« — Dites-moi, je vous prie, ma fille, demanda le patriarche, est-ce là ce que vous aviez dessein de donner à Jésus-Christ ? Lui en vouliez-vous donner davantage ?

Cette femme, voyant que Dieu lui avait révélé ce qu’elle seule savait, répondit toute tremblante :

» — À la vérité, Seigneur, j’avais d’abord écrit mille cinq cents écus ; mais l’instant d’après, ayant ouvert le papier sans savoir pourquoi, je trouvai le mot mille effacé. Je fus fort étonnée et je me dis : Ce n’est donc pas la volonté de Dieu que je donne plus de cinq cents écus ».

En entendant ces mots, les aumôniers se jetèrent