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SAINT FRANÇOIS SOLANO

La pensée seule en est insupportable. Mais cet acte incroyable de mortification obtint un miracle. L’enfant recouvra à l’instant une santé parfaite, dit la bulle de canonisation.

Le saint ne devait pas se sacrifier pour les seuls particuliers ; il devait porter le poids écrasant des malheurs publics. En 1583, la peste éclata dans l’Andalousie.

La maladie s’annonçait par des symptômes effrayants, les ravages en étaient aussi rapides qu’affreux, les suites presque toujours mortelles.

C’est dire, hélas ! que très souvent les pestiférés voyaient leurs parents les plus chers les abandonner et s’enfuir épouvantés. La terreur était partout, mais nulle part le fléau ne sévit comme à Montoro.

La ville semblait vouée à la mort et la consternation y était à son comble, quand à force d’instances le P. Solano obtint d’aller assister et servir les mourants.

L’un de ses frères, le P. Bonaventure, voulut partager ses périls, et dans la ville si terriblement frappée grande fut la joie lorsqu’on apprit que le saint arrivait.

Les autorités lui remirent immédiatement la direction de l’hôpital des pestiférés, et à la consolation inexprimable de ces infortunés, il prit possession de ces lieux d’horreur et de mort.

Nuit et jour il est auprès des moribonds. Il les soigne, les console, panse leurs horribles plaies, les prépare à mourir. Il prend sur lui les besognes les plus dégoûtantes, les plus périlleuses. Un espoir, une douceur émane de lui.

Rien ne lui coûte, rien ne le fatigue. Toute la pitié semble en lui, mais rien n’altère la paix céleste de son âme.

Son compagnon d’héroïsme mourut de la peste entre ses bras. Lui-même fut atteint de la contagion