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PHYSIONOMIES DE SAINTS

ritables et c’est avec un grand bonheur que Marie accueillait et servait les pauvres.

Un jour, son mari lui amena un inconnu qu’il avait rencontré épuisé, défaillant.

« — Ma chère Marie, demanda-t-il, après avoir fait asseoir son hôte, n’avez-vous rien à lui donner ?

— Hélas, je n’ai plus rien », répondit la compatissante fermière qui avait déjà fait dîner douze pauvres ce jour-là.

Malgré cela, Isidore la pria de regarder dans la marmite. Elle obéit et constata qu’il n’y restait pas une cuillerée de soupe, mais, comme Marie allait tristement replacer le couvercle, la marmite se remplit soudain à pleins bords.

Ces saints époux n’avaient qu’un enfant. Un jour, échappant à la surveillance de sa mère, il tomba dans un puits. Aux cris de sa femme désespérée, Isidore accourut. L’eau était très basse, il n’y avait aucun moyen d’arriver jusqu’à l’enfant.

Le saint se mit en prière et, comme il priait, l’eau bouillonnant se mit à monter ; elle s’éleva jusqu’aux bords du puits portant le bébé. Plein de vie et fort amusé de l’aventure, il tendit les bras à sa mère.

Dieu n’avait pu résister à la prière de son serviteur, mais l’enfant, objet de ce miracle charmant, mourut jeune.

Le don des miracles excepté, il n’y a rien d’extraordinaire dans la vie du saint. C’est la vie du laboureur dans sa rude et mâle simplicité. Isidore se fatiguait au travail, il portait le poids du jour et de la chaleur, mais, aux heures que Dieu fit pour dormir, il se reposait. Il n’a pas plus peiné, pas plus souffert que bien d’autres cultivateurs. Mais il a su profiter de ce qu’ils laissent perdre : il a sanctifié son travail — ce dur travail des champs auquel tant d’hommes sont condamnés. Plus sa journée devait être fatigante, plus il la commençait avec joie. Il avait compris que le travail est la plus salutaire des pénitences, il avait compris aussi que la prière est le grand bon-