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PHYSIONOMIES DE SAINTS

m’embrase et demander, d’une humble voix, qu’elle me pénètre de sa folie ».

Le monde aura beau dire, il aura beau se scandaliser et protester, au nom du bon sens contre l’effrayante mortification des saints, l’amour se prouve par la souffrance, et ceux qui aiment Dieu héroïquement voudront toujours le lui prouver à leurs dépens. D’ailleurs, comme disait Catherine elle-même, rien de grand ne se fait ici-bas sans beaucoup de souffrances. Or, la sainteté est la suprême grandeur.

Je n’entrerai pas dans le détail des prodigieuses austérités de Catherine de Sienne. Parmi les pénitents à feu et à sang, nul n’a exercé sur son corps des rigueurs plus cruelles, nul n’a mieux pratiqué la sainte haine qu’elle appelait la voie sûre et royale.

Malgré bien des démarches, elle n’avait pu obtenir l’habit des tertiaires que saint Dominique lui avait promis. Jamais jusque là on ne l’avait donné à une jeune fille. Mais grâce à la petite vérole qui la défigura pour un temps, elle fut reçue dans le tiers-ordre.

Sa ferveur s’en accrut encore. Celui qu’elle aimait souriait à son ardeur, dit son pieux biographe. Il ne l’abandonna pas sur le chemin de la perfection où elle marchait avec tant de courage, et pour la diriger, il ne lui donna ni un homme, ni un ange. Lui-même voulut être son guide dans l’âpre et étroite voie.

Il lui apparaissait souvent, s’entretenait avec elle, et la traitait avec une familiarité délicieuse ; alors son âme ravie d’amour, quittait ses sens et entrait en extase. « Ces rapports surnaturels expliquent les choses étonnantes qui lui arrivèrent, sa prodigieuse abstinence, sa doctrine admirable ; ils sont l’origine, la cause de toutes ses actions, et font comprendre le merveilleux de son existence ».

« Soyez bien certain, mon Père, disait-elle à son confesseur, que rien de ce qui regarde les voies du salut ne m’a été enseigné par les hommes. C’est mon Seigneur et Maître, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui m’a tout révélé. Il me parlait comme je vous parle maintenant à vous-même ».