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SAINTE CATHERINE DE SIENNE

ze mois de séjour en Italie. Huit jours auparavant, il avait dicté une bulle pour faciliter l’élection de son successeur. Il voulait que cette élection fut aussi prompte que possible. Le conclave s’ouvrit au lendemain des funérailles du pape. Le peuple se porta autour du Vatican, demandant avec des menaces et des cris furieux un pape romain. Cependant Barthelemi Prignano, archevêque de Bari, fut élu à l’unanimité des suffrages.

Il s’en suivit une émeute, les cardinaux furent en grand péril, mais le calme se rétablit vite et le lendemain, jour de Pâques, on procéda solennellement à l’intronisation du nouveau pape, qui prit le nom d’Urbain VI.

C’était un homme d’une grande science, d’une austérité encore plus grande. Il avait en horreur le faste et la simonie. On attendait beaucoup de son zèle pour la réforme de l’Église. Malheureusement, cette œuvre si sainte, si nécessaire, il eut le tort de l’entreprendre avec trop de raideur.

Effrayés des sévères réformes qu’il voulait leur imposer, les cardinaux, sous le prétexte de fuir les chaleurs de Rome, se retirèrent à Agnani, et après s’être assurés de l’appui d’une armée, ils déclarèrent nulle l’élection d’Urbain et élurent un antipape, qui prit le nom de Clément VII.

Le grand schisme d’Occident était consommé.

Seul le vieux cardinal de Saint Pierre resta fidèle à Urbain. En mourant, il prit solennellement Dieu à témoin que l’élection d’Urbain avait été libre et légitime.

Jamais l’Église n’était tombée dans une détresse plus profonde. Le pape créa vingt cardinaux nouveaux et, dans son angoisse, appela Catherine auprès de lui.

Aussitôt l’ordre du pape reçu, la sainte se mit en route avec une suite nombreuse. Ceux qui l’accompagnaient, dit l’un de ses historiens, se firent avec bonheur les pauvres de la divine Providence, et de grands seigneurs suivirent, à pied et en mendiant, la fille du teinturier de Sienne.