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SAINTE CATHERINE DE SIENNE

bain. Sa lettre au roi de France est admirable de clarté et de force.

Pour comble de malheur, les Romains, travaillés par les émissaires de l’anti-pape, se révoltèrent contre Urbain. Le feu de la sédition augmentant, on parla ouvertement de le mettre à mort.

Qui pourrait dire la douleur de Catherine quand elle apprit la révolte des Romains… les menaces proférées contre le Vicaire de Jésus-Christ ? Qui pourrait dire avec quelle ardeur elle supplia le Dieu tout-puissant d’empêcher un tel forfait ?

« Un dimanche qu’elle priait dans la basilique des saints apôtres, Catherine éprouva une mystérieuse souffrance, terrible agonie dont les effets se firent sentir tout le temps qu’elle vécut encore. Non seulement elle vit, mais elle sentit la barque de l’Église, la Navicella peser sur ses épaules. Écrasée par le terrible fardeau, elle tomba défaillante sur le sol et, en même temps, elle comprit qu’il lui fallait mourir pour l’Église ».

Cependant le feu de la sédition gagnait toujours. Averti que des forcenés avaient forcé les portes de son palais et le cherchaient pour le tuer, Urbain VI revêtit les ornements pontificaux, mit la tiare sur sa tête, s’assit sur le trône et attendit avec calme les assassins.

Ces misérables, en l’apercevant, furent saisis d’un respect invincible. Ils se retirèrent sans lui faire aucun mal. La prière de Catherine avait sauvé le Pape.

À partir de ce moment, la révolte s’apaisa ; mais la sainte, qui s’était offerte en victime, fut accablée dans son corps et dans son âme d’indicibles souffrances.

C’est à Rome, près du tombeau de saint Pierre, qu’elle allait mourir.

Sentant sa fin approcher, elle réunit ses disciples et leur dit : Mes enfants, ne vous relâchez jamais dans