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LE BIENHEUREUX LUCHESIO

Succombant à la pensée d’être déshonorée aux yeux des siens, elle courut se prosterner devant un crucifix et remit sa cause entre les mains du Sauveur. Ô prodige ! le Christ s’anima, il s’inclina vers l’infortunée qui pleurait à ses pieds et lui dit de tendres et fortifiantes paroles.

Peu après, la princesse revêtit les livrées de la pauvreté. Sous le nom de Séraphine, elle s’éleva rapidement au plus parfait détachement, à la sainteté la plus éminente. Sans cesse elle appelait la miséricorde divine sur son mari. Il ne semblait vivre que pour combler la mesure de ses crimes, mais la prière de Séraphine finit par arracher à Dieu ces grâces extraordinaires qui brisent les cœurs les plus endurcis et transforment les plus grands criminels.

Sforza vint se jeter aux pieds de son héroïque femme. Il pleura amèrement son abominable conduite et tout le reste de sa vie s’efforça de réparer ses scandales.

L’Église a mis Suève au nombre des bienheureux. De sa main bénie, glorifiée, puisse la consolation tomber comme une huile salutaire, sur les blessures de votre cœur.



LE BIENHEUREUX LUCHESIO


PREMIER TERTIAIRE DE SAINT-FRANÇOIS
(Fête le 28 avril)

Il avait été de cette troupe brillante et joyeuse qui formait une sorte de cour à François d’Assise, aux jours de sa mondanité.

Puis Luchesio s’était marié et tout à fait selon son cœur. Mais son bonheur domestique et le succès de ses affaires commerciales ne lui suffisaient point. Luchesio était devenu ambitieux.

Toscan d’origine, il avait une vive intelligence et