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Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/45

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silhouettes canadiennes

et peut-être la mort au milieu des tourments, qu’elle prit, plus tard, le nom de Saint-Joseph.

On sait comment la volonté divine fut révélée à la Mère de l’Incarnation ; comment elle, qui ignorait même l’existence du Canada, reçut l’ordre d’y bâtir une maison à Jésus et à Marie[1].

Toutes ressources lui manquant, elle ne pouvait obéir ; mais dans le secret du cœur, la flamme apostolique la consumait et l’on conçoit avec quel intérêt elle devait lire les Relations de la Nouvelle-France qui commençaient à se répandre.

Beaucoup plus âgée que Marie de la Troche, la Mère de l’Incarnation était pourtant sa compagne de noviciat et bien des fois, elle dut l’entretenir de ces missions lointaines où ses pensées s’en allaient toutes.

Alors, dans les monastères, un souffle d’enthousiasme soulevait les âmes et les poussait vers le Nouveau-Monde ; aussi, chez les Ursulines de Tours, l’émotion fut extrême quand on apprit qu’une noble et riche veuve, Madame de la Peltrie,

  1. Peu après sa profession religieuse, dans un songe mystérieux, elle fut transportée dans une contrée lointaine. Ce pays — dont elle avait la vue entière — lui apparut tout couvert d’épaisses ténèbres, des ténèbres vraiment affreuses qui ne s’entrouvraient qu’à un endroit où elle aperçut une petite chapelle. Plus tard, étant en oraison, Dieu lui dit intérieurement : C’est le Canada que je t’ai montré, il faut que tu ailles y bâtir une maison à Jésus et à Marie.