Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vérités, crurent, pour donner une plus grande idée de leur pénétration, devoir faire un mystère de la méthode qu’ils avoient suivie. Ils se contentèrent de les exposer par le moyen des principes généralement adoptés ; & le préjugé reçu, s’accréditant de plus en plus, fit naître des systêmes sans nombre.

§. 63. L’inutilité & l’abus des principes paroît surtout dans la synthèse : méthode où il semble qu’il soit défendu à la vérité de paroître qu’elle n’ait été précédée d’un grand nombre d’axiomes, de définitions & d’autres propositions prétendues fécondes. L’évidence des démonstrations mathématiques & l’approbation que tous les sçavans donnent à cette manière de raisonner suffiroient pour persuader que je n’avance qu’un paradoxe insoutenable. Mais il n’est pas difficile de faire voir que ce n’est point à la méthode synthétique que les mathématiques doivent leur certitude. En effet, si cette science avoit été susceptible d’autant d’erreurs, d’obscurités & d’équivoques