Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/228

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que la mort n’en est que la privation ?[1]

§. 19. nous voyons dans ce jeune homme quelques foibles traces des opérations de l’ame : mais si l’on excepte la perception, la conscience, l’attention, la réminiscence & l’imagination, quand elle n’est point encore à notre pouvoir, on ne trouvera aucun vestige des autres dans quelqu’un qui auroit été privé de tout commerce avec les hommes ; & qui, avec des organes sains & bien constitués, auroit, par exemple, été élevé parmi des ours. Presque sans réminiscence, il passeroit souvent par le même état sans reconnoître qu’il y eût été. Sans mémoire, il n’auroit aucun signe

  1. La mort peut se prendre encore pour le passage de cette vie dans une autre. Mais ce n'est pas là le sens dans lequel il faut ici l’entendre. M. de Fontenelle ayant dit que ce jeune homme n’avoit point d’idée de Dieu, ni de l’ame, il est évident qu’il n’en avoit pas davantage de la mort prise pour le passage de cette vie dans une autre.