Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/41

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CHAPITRE II.

Des sensations.

§. 9. C’est une chose bien évidente, que les idées qu’on appelle sensations sont telles que, si nous avions été privés des sens, nous n’aurions jamais pu les acquérir. Aussi aucun philosophe n’a avancé qu’elles fussent innées : c’eut été trop visiblement contredire l’expérience. Mais ils ont prétendu qu’elles ne sont pas des idées ; comme si elles n’étoient pas, par elles-mêmes, autant représentatives qu’aucune autre pensée de l’ame. Ils ont donc regardé les sensations comme quelque chose qui ne vient qu’après les idées, & qui les modifie : erreur qui leur a fait imaginer des systêmes aussi bisarres qu’inintelligibles.

La plus légère attention doit nous faire connoître que, quand nous appercevons de la lumière, des couleurs, de la solidité, ces sensations, & autres semblables, sont plus que