Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/225

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Supposons que les Français se donnent une constitution fondée sur l’égalité la plus entière ; que cette constitution, proposée par une Convention nationale, dépositaire du vœu du peuple, soit encore expressément adoptée par lui ; qu’aucune hérédité, aucune inviolabilité personnelle, aucun grand pouvoir dangereux pour la liberté, n’y souille cette constitution, ne force à y placer ces contre-poids, ces oppositions de pouvoirs entre eux, si nuisibles à la simplicité, à l’activité des opérations du gouvernement ; que l’expression de la volonté nationale y soit une ; qu’aucune résistance ne puisse l’arrêter ; que le peuple y nomme immédiatement ses représentants ; que de sages combinaisons préviennent les inconvénients de ces deux dernières institutions, alors les puissances européennes refuseront-elles de nous reconnaître comme corps de nation, parce que nous aurions suivi, à la rigueur, les principes immuables du droit naturel ? Avoueront-elles, par leur conduite, que ces principes, vrais en Amérique, sont faux en Europe, et que la même maxime est vraie ou fausse, est crime ou vertu, suivant que l’exige leur insidieuse politique ?



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