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du plan de constitution.

n’auraient que des côtes à défendre ; le danger de détruire un lien qui existe, pour en créer un plus faible, lorsque l’Europe entière emploierait toutes ses forces, toutes ses intrigues pour chercher à le briser ; le besoin de la réunion la plus intime pour un peuple qui professe les principes les plus purs de la raison et de la justice, mais qui les professe seul, sont de nouvelles raisons d’écarter loin de nous tout ce qui porterait la plus légère atteinte à l’unité politique.

Mais il est même inutile de discuter toute l’importance de ces raisons. En effet, pour séparer en républiques confédérées un État unique, ou pour réunir en une seule république des États confédérés, il faut des motifs puissants d’intérêt public, comme pour tous les grands changements que la conservation de la liberté ou de l’égalité n’exige pas rigoureusement ; et aucun de ces motifs n’existe pour nous. Nous ne pourrions vouloir ce changement que pour obéir à des vues systématiques de perfection, ou pour sacrifier le tout à quelques parties, la génération présente au bien-être incertain des générations futures ; c’est au bruit des menaces d’une ligue d’ennemis puissants que nous exposerions la sûreté de l’État, en faisant une révolution nouvelle dans l’intérieur, pour établir un système dont un des effets nécessaires est d’affaiblir les moyens de défense de la nation qui l’adopte.

Suivons plutôt l’exemple d’un peuple digne de nous en donner. Ignorait-on, dans les États-Unis d’Amérique, combien la faiblesse de leur lien fédératif