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du plan de constitution.

ionté indépendante de la volonté générale ; cette institution doit en général son origine à des peuples qui n’avaient pour loi que d’anciennes coutumes ; où les dépenses publiques étaient payées, soit par des revenus territoriaux, soit par des redevances perpétuelles ; où tout changement était envisagé avec la crainte qui suit toujours l’ignorance ; où l’administration presque nulle n’avait pas besoin de prendre de déterminations nouvelles : dès lors on cherchait moins un pouvoir qui pût agir, qu’un pouvoir qui empêchât de changer. Cette peur des innovations, l’un des fléaux les plus funestes au genre humain, est encore le plus fort appui de ces mêmes combinaisons, et le motif sur lequel leurs partisans insistent avec le plus de confiance. Enfin, l’inertie naturelle à ce système ne peut être vaincue, dans les mesures administratives, que par la nécessité d’agir.

Il ne peut donc convenir à la république française, où la réforme des lois subsistantes, l’établissement d’un nouveau système de législation, est un des premiers devoirs des représentants du peuple ; où tant de pertes à réparer, tant d’institutions à créer, feront longtemps sentir le besoin d’une autorité sans cesse agissante.

Le renouvellement très-fréquent des corps législatifs, les réclamations que le peuple peu ira faire contre les lois qu’il jugera contraires à sa liberté, le changement immédiat des assemblées qui refuseraient d’écouter sa voix, sont des préservatifs suffisants contre les projets d’usurpation de pouvoir, contre les systèmes destructeurs de la liberté que