mage qu’on veut bien rendre à l’humanité. M. de Praslin eut le bonheur de déconcerter tous les obstacles par lesquels, en paraissant vouloir la paix, on
cherchait à retarder l’indication du congrès où elle
devait se conclure. Il fut enfin arrêté qu’il s’assemblerait à Augsbourg. M. de Choiseul proposa son
cousin pour plénipotentiaire unique ; et quelques
sollicitations qu’ait pu faire M. de Praslin pour obtenir
un collègue, elles furent inutiles : M. de Choiseul
savait trop qu’un ouvrage important n’est jamais
bien fait que par un seul homme, et que, s’il
avait eu déjà le bonheur très-rare d’avoir un plénipotentiaire auquel il pût se livrer sans réserve comme sans défiance, il y aurait de la témérité à compter
sur un bonheur égal dans un second choix. À son
retour en France, M. de Praslin trouva qu’on lui
destinait, au lieu du titre de plénipotentiaire au congrès, une place dans le conseil ; il crut devoir insister pour que sa destination ne fût pas changée. Nous
ne le louerons pas ici de cette modération : pour un
homme te ! que lui, une grande affaire était plus
qu’une grande place ; et quelle dignité pouvait-il
préférer à l’honneur de faire une paix désirée par
toute l’Europe et nécessaire à la France ? Ses équipages
étaient déjà sur le chemin d’Augsbourg, lui-même
partait le lendemain, lorsqu’une attaque de
goutte le retint à Paris. Bientôt les circonstances
changèrent ; l’inutilité du congrès projeté ne fut plus
douteuse : M. de Praslin entra au conseil, et peu de
temps après, M. le duc de Choiseul lui remit la place
de ministre des affaires étrangères, qu’il accepta
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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.