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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


de bien, devant qui on n’ose conseiller des actions injustes ou cruelles.

Mais les lois sages et modérées du chancelier de l’Hôpital, toujours enregistrées à regret, et que les deux partis se permettaient de violer avec une égale audace, n’étaient plus capables de ramener la paix : vouloir faire observer aux protestants les défenses faites par ces édits, c’était allumer la guerre ; tolérer des assemblées défendues par les lois, c’était exciter les murmures des catholiques, et donner un prétexte à leurs mouvements : il ne restait donc qu’une ressource ; c’était de permettre par une loi les assemblées des protestants. L’exercice de la religion réformée, interdit dans les villes, où en général les catholiques étaient les plus nombreux, fut donc toléré dans les faubourgs et dans les campagnes ; les baptêmes, les sépultures, les mariages faits dans les temples protestants, eurent une authenticité légale ; les églises devaient être rendues aux catholiques, les biens du clergé restitués, les profanations et la destruction des images punies comme des crimes.

Cet édit fut rédigé dans une assemblée [1] solennelle tenue à Saint-Germain. Le chancelier y parla avec une éloquence familière, mais forte et pathétique : « Il ne s’agit point, dit-il, de décider sur la

  1. Peu de temps après cette assemblée, l’Hôpital défendit de nouveau d’exercer, au nom de la loi, un pouvoir que le législateur n’avait confié qu’à ses seuls officiers ; et en ordonnant encore par cette même loi aux protestants de rendre les églises dont ils s’étaient emparés, il eut l’adresse d’intéresser les catholiques à en favoriser eux-mêmes l’enregistrement.