Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/233

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leurs divertissements. Y aurait-il plus de danger à les réunir pour des occupations plus sérieuses ?

La séparation des sexes a pour principale cause l’avarice et l’orgueil.

Qu’on ne s’y trompe pas ; ce n’est point à la sévérité de la morale religieuse, à cette ruse inventée par la politique sacerdotale pour dominer les esprits ; ce n’est point à cette sévérité seule, qu’il faut attribuer ces idées d’une séparation rigoureuse l’orgueil et l’avarice y ont au moins autant de part et c’est à ces vices que l’hypocrisie des moralistes a voulu rendre un hommage intéressé. C’est, d’un côté, à la crainte des alliances inégales, et de l’autre, à celle du refus de consacrer les liaisons fondées sur des rapports personnels, que l’on doit la généralité de ces opinions austères. Il faut donc, loin de les favoriser, chercher à les combattre dans les pays où l’on veut que la législation ne fasse que suivre la nature, obéir à la raison et se conformer à la justice. Dans les institutions d’une nation libre, tout doit tendre à l’égalité, non seulement parce qu’elle est aussi un droit des hommes, mais parce que le maintien de l’ordre et de la paix l’ordonne impérieusement. Une constitution qui établit l’égalité politique ne sera jamais ni durable, ni paisible, si on la mêle avec des institutions qui maintiennent des préjugés favorables à l’inégalité.