Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/277

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acquises par la méditation, mais de saisir des rapprochements entre un grand nombre de faits isolés ou de vérités partielles. Il est peu d’hommes dont la mémoire puisse alors se trouver au niveau de leur intelligence, et il est très difficile d’y suppléer par des livres, fussent-ils faits avec méthode et dans un ordre systématique. Les objets qu’il faut réunir, présentés dans un livre avec les détails ou les développements que nécessite un discours suivi, sont moins faciles à distinguer : placés sur des pages différentes, on ne peut les embrasser d’un coup d’œil, et on est forcé ou de s’en former le tableau dans sa pensée, ou de le composer soi-même. Mais cet avantage n’est pas le seul. Il est difficile de se rendre vraiment propres toutes les connaissances que l’on a pu recevoir dans le cours de l’éducation. Une partie s’efface de la mémoire, et plus de facilité pour les acquérir par une nouvelle étude est presque le seul profit qu’on retire d’une première instruction. Cette observation est vraie, surtout des connaissances qu’un exercice journalier ne rappelle pas sans cesse, et qui sont étrangères à nos idées habituelles. Or, des tableaux bien faits suppléeraient à ce défaut d’usage ou de mémoire. Ce moyen a été souvent employé : il existe de ces tableaux pour un grand nombre de sciences physiques, pour la chronologie, pour l’histoire, et même pour l’économie politique. Quelques-uns de ceux qui sont relatifs aux sciences physiques sont faits avec beaucoup de philosophie et toute l’étendue de connaissances qu’exige ce genre de travail ; et le tableau de la science économique combiné par