Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/282

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Motifs de donner une liberté plus grande à l’enseignement des sciences particulières.

Tandis que les ouvrages enseignés dans l’éducation suivie par tous les élèves seront faits par des hommes qu’une autorité publique en aura chargés, on suivra une marche opposée pour les livres enseignés par les maîtres attachés à une science particulière. Ces maîtres, soumis à une règle commune, quant à l’objet et à l’étendue de leur enseignement, ne seraient astreints qu’à choisir eux-mêmes un livre propre à en être la base.

Les livres destinés à l’éducation générale ne contiennent que des éléments très simples, et par conséquent des principes dont la vérité doit être généralement reconnue ; il n’y a donc aucun inconvénient à ce que la puissance publique en dirige la composition ; c’est même un moyen de s’assurer qu’ils seront meilleurs, et d’empêcher que la superstition ou la négligence en dénaturent l’instruction. D’ailleurs, ces livres doivent rarement être changés. Les vérités qui, à chaque époque, peuvent être regardées comme formant les éléments d’une science, ne peuvent éprouver qu’à la longue l’influence des nouvelles découvertes ; il faut, pour avoir besoin de les réformer, que les progrès successifs de la science aient produit une sorte de révolution dans les esprits. Au contraire, en laissant aux maîtres la liberté de choisir les autres livres, on leur donne un nouveau motif d’émulation, on leur permet de faire profiter