Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/297

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trigue ; de préserver l’enseignement d’un esprit de routine ; enfin, d’empêcher que l’instruction, qui est instituée pour les élèves, ne soit réglée d’après ce qui convient aux intérêts des maîtres.

Leurs fonctions sont incompatibles avec toute autre fonction habituelle.

Les maîtres, comme citoyens, doivent être éligibles à toutes les fonctions publiques ; mais celle qui leur est confiée, étant permanente de sa nature, doit être incompatible avec toutes celles qui exigent un exercice continu, et le maître qui en accepterait de telles devrait être obligé d’opter sans pouvoir se faire remplacer.

J’en excepterais cependant les places de la législature. En effet, l’intérêt puissant de les voir confiées aux hommes les plus éclairés semble exiger qu’on n’en écarte point ceux qui ont des fonctions permanentes, en les obligeant de quitter, pour un honneur de deux années, l’état auquel le sort de leur vie est attaché ; et d’ailleurs cette exception est nécessaire, pour que la non-compatibilité avec d’autres places honorables n’avilisse point les fonctions qui y sont soumises.

Deux ans de remplacement dans un petit nombre de places d’instruction ne sont pas un inconvénient qui puisse balancer l’avantage d’ôter à ces fonctions cette apparence d’infériorité, cet air subalterne que l’orgueil, l’ignorance et un mauvais système d’éducation ont dû leur donner.