Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/336

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passions et des intérêts, pendant que le génie déploie son activité, que l’industrie multiplie ses efforts, elle veillera sur cette égalité précieuse, premier bien de l’homme civilisé ; elle distribuera d’une main sage et équitable les dons que la nature a semés au hasard.

Réglée comme toute autre sur les besoins les plus généraux, elle aura principalement pour objet : 1° les connaissances politiques ; 2° la morale ; 3° l’économie domestique et rurale ; 4° les parties des sciences et des arts qui peuvent être d’une utilité commune ; 5° enfin, l’éducation physique et morale.


L’instruction politique ne doit pas se borner à la connaissance des lois faites, mais s’étendre à celle des principes et des motifs des lois proposées.


Il faut non seulement que chaque homme soit instruit des nouvelles lois qui sont proposées ou promulguées, des opérations qui s’exécutent ou se préparent dans les diverses branches de l’administration, qu’il soit toujours en quelque sorte au courant de la législation sous laquelle il doit vivre ; il faut de plus que si l’on agite de nouvelles questions politiques, si l’on cherche à fonder l’art social sur de nouveaux principes, il soit averti de l’existence de ces questions, des combats d’opinions qui s’élèvent sur ces principes. Comment, en effet, sans cette instruction pourrait-il connaître et les hommes par qui sa patrie est gouvernée et ce qu’elle en doit attendre, savoir quels biens ou quels maux on lui